Dr Christophe CHAROUSSET PARIS 8
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La douleur de l’épaule est un motif fréquent de consultation chez le Chirurgien spécialiste de l’épaule, souvent catégorisée comme une tendinite par le patient, le médecin généraliste ou le kinésithérapeute. Mais toutes les douleurs de l’épaule ne sont pas des tendinites? Comment reconnaître une tendinite de l’épaule et la différencier d’une autre pathologie de l’épaule comme d’une capsulite rétractile ou d’une arthrose ?
Une tendinite de l’épaule est généralement provoquée par la répétition de mouvements d’épaule avec la main au-dessus du plan de l’omoplate. On peut parler aussi de troubles musculosquelettiques. Elle est souvent causée par un conflit mécanique entre la voûte sous acromiale et les tendons de la coiffe des rotateurs.
Elle se déclenche plus fréquemment dans des activités manuelles professionnelles de loisirs ou des activités sportives. Elle se rencontre plus fréquemment avec le vieillissement. La tendinite de l’épaule peut aussi apparaître dans le cas des mauvaises postures de l’épaule prolongées.
Le tendon de l’épaule se dégrade progressivement pouvant aboutir à une rupture complète des tendons de la coiffe des rotateurs.
La douleur de l’épaule est le symptôme principal. Elle irradie souvent le long de la loge musculaire du Biceps, et peut aussi se projeter dans les trapèzes (rachis cervical) ou sur la face externe du bras (Deltoïde). La douleur peut limiter la mobilité de l’épaule, rendre les nuits insomniantes et diminuer la force de l’épaule.
L’examen clinique réalisé par un médecin/chirurgien spécialiste de l’épaule va rechercher les points d’appels de la douleur, vérifier la mobilité de l’épaule active (réalisée par le patient) et passive (réalisée par le praticien). Une tendinite de l’épaule peut limiter la mobilité active, mais la mobilité passive est toujours conservée. En cas d’une raideur de l’épaule (mobilité passive limitée), il faudra rechercher soit une Capsulite rétractile associée, soit une arthrose de l’épaule.
Le praticien spécialiste de l’épaule réalisera aussi un testing précis de tous les tendons de la coiffe des rotateurs qui permettra d’orienter la tendinite vers un tendon précis.
Une quantification de la force de l’épaule pourra être réalisée par dynamomètre.
La posture globale de l’omoplate et du membre supérieur sera aussi analysée par le médecin/chirurgien spécialiste de l’épaule.
2.3.1. Intérêt d’un bilan radiologique et d’une échographie de l’épaule
La réalisation d’un bilan radiologique de l’épaule permet d’éliminer une arthrose de l’épaule qui nécessitera une prise en charge médicale différente. Le bilan radiologique recherchera aussi des calcifications dans les tendons de l’épaule. La tendinopathie calcifiante de l’épaule est une pathologie différente d’apparition spontanée, elle disparaît généralement spontanément par une crise hyper douloureuse inflammatoire.
La réalisation d’une échographie permettra de rechercher une bursite (poche inflammatoire située au-dessus des tendons) qui provoque la douleur de l’épaule. L’échographie de l’épaule permettra aussi de mesurer l’épaisseur du tendon, de rechercher des fissures intra tendineuse ou de diagnostiquer une rupture partielle ou totale du tendon qui en traînera ou non une chirurgie de l’épaule.
2.3.2. Quand prescrire une IRM pour une tendinite de l’épaule
Une IRM peut être prescrite et réalisée quand les symptômes de la tendinite se prolongent malgré un traitement parfaitement bien conduit. L’IRM plus précis qu’une échographie permettra de rechercher des complications de la tendinite de l’épaule sous forme de ruptures partielle ou totales du tendon. L’IRM pourra analyser la rétraction tendineuse et la dégénérescence musculaire de l’épaule.
Le traitement médical est toujours une association de repos, d’adaptation du geste sportif, d’ergonomie au travail et d’un travail de posture. Il peut comporter la prise orale d’antalgiques simples ou la prescription d’anti inflammatoires pendant des périodes courtes pour diminuer l’inflammation. On pourra y associer la cryothérapie.
3.1.1. Les injections
3.1.1.1. Les injections de corticoïdes
Lorsqu’une tendinite de l’épaule est résistante au traitement de base, que les douleurs sont très insomniantes et si l’échographie ou l’IRM retrouvent une volumineuse bursite. Une infiltration radioguidée sous échographie dans la bursite pourra être réalisée. En cas d’échec, elle ne sera pas renouvelée et il faudra chercher un autre diagnostique. La répétition des infiltrations de corticoïdes n’est pas recommandée.
3.1.1.2. Les injections de Plasma Riche en Plaquettes (PRP).
Depuis plus de 15 ans, nous utilisons les injections de PRP dans le traitement des tendinopathies fissuraires intra tendineuses. Il s’agit d’une technique autologue obtenue à partir d’une centrifugation du sang du patient. Les injections de PRP dans l’épaule sont réalisées sous échographie.
3.1.2. La rééducation et les exercices à réaliser
La rééducation est essentielle dans les tendinites de l’épaule, elle permet d’associer de la physiothérapie, à un travail de mobilité, à du renforcement musculaire léger progressif et un travail de posture avec placement de l’omoplate et de l’épaule. Elle doit être associée à un travail d’auto-rééducation.
3.1.3. Le temps de guérison de la tendinite de l’épaule
La guérison est en fonction de l’atteinte tendineuse de l’épaule. Elle peut demander plusieurs semaines à plusieurs mois.
3.1.4. L’arrêt de travail
En fonction de l’activité et profession du patient, un arrêt de travail pourra être proposé. Mais l’adaptation ou l’ergonomie du poste de travail est essentielle pour éviter une récidive de la tendinite de l’épaule.
3.1.5. L’adaptation sportive
Si le geste sportif est responsable de la tendinite de l’épaule, une adaptation temporaire doit être réalisée en diminuant les charges d’entraînement et le nombre. Il faudra aussi corriger la posture lors de l’activité sportive. Le matériel devra être aussi vérifié. Les échauffements de l’épaule avant toute activité sportive sont essentiels.
3.1.6. La prévention professionnelle
L’adaptation du poste de travail peut permettre de contrôler les tendinopathies de l’épaule et d’éviter une aggravation.
3.1.7. Le rôle de l’alimentation et de l’hydratation
Il est important pour éviter ou traiter une tendinite de l’épaule d’avoir une très bonne hydratation entre 1,5 et 2 litres par jour, en alternant eau plate avec des eaux gazeuses plus riches en bicarbonates qui peuvent neutraliser l’acidité après l’effort surtout chez le sportif.
Il faut limiter les sucres, en particulier les sucres industriels, consommer moins de viandes, limiter la charcuterie, éviter toutes les boissons alcoolisées et arrêter le tabac.
Lorsqu’une tendinite devient chronique, le tendon perd ses fonctions et peut se dégrader, aboutissant parfois à une rupture partielle sévère, et même totale des tendons de l’épaule.
Dans ce cas il sera nécessaire de réaliser une chirurgie de l’épaule, il s’agit d’une réparation de ces tendons sous arthroscopies associée souvent à un traitement du conflit en réalisant une acromioplastie.
La chirurgie de l’épaule est réalisée maintenant en ambulatoire (une journée à la clinique), sous anesthésie locorégionale et générale. La rééducation post chirurgie de l’épaule chez son kinésithérapeute est commencée 3 jours après la dite chirurgie de l’épaule et il faut compter une convalescence entre 3 et 6 mois.